- incurieux
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• XVIe; lat. incuriosus♦ Littér. Qui n'est pas curieux. « incurieux de sa personne et de sa vie » (A. Gide). « ce regard absent, incurieux » (Aymé).⇒INCURIEUX, -EUSE, adj.Littér. Qui n'a pas de curiosité, d'intérêt (pour quelque chose ou pour quelqu'un). Synon. indifférent; anton. curieux. Esprit, regard incurieux. Les deux fils sortirent en silence et avec l'incurieuse obéissance des enfants bien élevés (BALZAC, Marana, 1833, p. 125). Que j'aime à voir cette campagne en marche, cette Lorraine indéfiniment reposée, incurieuse, qui tout d'un coup regarde l'univers (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1903, p. 82) :• ... alors on voyait dans ces mêmes yeux (...) la tristesse qu'avait autrefois Odette quand Swann lui demandait où elle était allée et qu'elle lui faisait une de ces réponses mensongères qui désespéraient l'amant et maintenant lui faisaient brusquement changer la conversation en mari incurieux et prudent.PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 565.— Incurieux de + subst. déterminé ou inf. J'étais alors on ne peut moins sceptique, et, de plus, parfaitement ignorant, incurieux même, des œuvres de la chair (GIDE, Si le grain, 1924, p. 386).♦ Vx. Qui ne se soucie pas de. Incurieux d'accroître sa fortune (LITTRÉ). Assez abandonné des dieux, Pour se montrer incurieux Des plaisirs de la table (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 138). Une conversion vaut mieux que la concorde familiale (...) une humanité en conflit mieux qu'une humanité incurieuse de son salut (Philos., Relig., 1957, p. 38-9).Prononc. et Orth. : [
], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1878. Étymol. et Hist. 1. Début XVIe s. « qui ne se soucie pas, qui néglige » (FOSSETIER, Cron. Marg., ms. Brux., II, fol. 110 r° ds GDF. : incurieux des absens); 2. 1595 « insoucieux d'apprendre ce qu'il ignore » (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 486). Empr. au lat. d'époque impériale incuriosus « qui n'a pas de souci de, indifférent à; négligent », le sens 2 étant influencé par curieux « soucieux de connaître ».
incurieux, euse [ɛ̃kyʀjø, øz] adj.ÉTYM. XVIe, Montaigne, au sens mod.; lat. incuriosus « sans souci, indifférent; sans soin », de in- (→ 1. In-), et curiosus (→ Curieux), avec infl. de curieux (3.), au sens moderne.❖♦ Littér. Qui n'est pas curieux. || Un esprit incurieux. || Incurieux de qqch., de tout. ⇒ Indifférent. || Être incurieux de (et inf. : savoir, connaître…).1 Je ne me sentais plus aucun désir de la questionner davantage; subitement incurieux de sa personne et de sa vie, je restais devant elle comme un enfant devant un jouet qu'il a brisé pour en découvrir le mystère (…)Gide, Isabelle, p. 152.2 Il y avait aussi cet étrange mutisme de Micheline et qui se posait parfois sur lui, ce regard absent, incurieux, comme si elle ne le connaissait plus pour mari, ni pour quoi que ce fût.M. Aymé, Travelingue, p. 217.3 (…) son œil inexpressif, incurieux se posant un instant (mais apparemment sans voir) sur celui (…) qui l'avait interpellé (…)Claude Simon, la Route des Flandres, p. 15.♦ (Fin XVe). Vx. Qui ne se soucie pas de… ⇒ Incurie, 2. (vx). || Incurieux d'accroître sa fortune (Littré).❖CONTR. Curieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.